Deux opérateurs effectuaient des contrôles non destructifs par radiographie dans une enceinte blindée, l'un d'entre eux très peu expérimenté ayant commencé cette activité seulement quelques mois avant la survenue de l'incident. Ce dernier est revenu dans l'enceinte après une pause pour changer un film alors qu'un tir était en cours. L'entrée de l'enceinte était bien équipée de sécurité de porte, mais l'exposition n'a pas été interrompue lors de son entrée et il n'a pas remarqué que les lampes avertissant du tir en cours, étaient allumées. Son collègue n'était alors pas présent au pupitre de contrôle, étant occupé à la préparation de produits de traitement chimique des films en chambre noire.
L'enquête suite à l'incident a montré que le dispositif de sécurité était désactivé pendant l'incident. Ce dispositif disposait d'un interrupteur d'arrêt forcé, désactivable uniquement à l'aide d'un tournevis : il est notoire que certains opérateurs désactivent le dispositif de sécurité pour accélérer le travail. Il semble donc que le dernier opérateur avait désactivé le système de sécurité, et ne l'a pas réactivé à la fin de son utilisation. De plus, le bon fonctionnement du dispositif de sécurité n'a pas été contrôlé par les opérateurs au début du poste comme cela est requis par les règles de l'entreprise.
Par ailleurs, tous les opérateurs doivent porter un dosimètre opérationnel, avec alarme de dépassement de débit de dose, mais il n'en avait pas encore été fourni au nouvel opérateur.
L'enquête a également montré que les deux opérateurs savaient qu'il y avait eu une exposition de l'un d'entre eux mais ne l'ont pas signalé, ni au responsable de radioprotection (RPO1 ), ni à leur responsable hiérarchique.
Les images ci-dessous montrent le remplacement d'un film (à gauche) et l'interrupteur de mise hors service du système de sécurité.
Les paramètres du contrôle radiographique étaient 150 kV et 10 mA pendant 63 secondes. D'après le récit de l'opérateur exposé, il n'a été exposé que durant quelques secondes.
Son film dosimétrique a révélé une dose de 7,6 mSv et une reconstruction de dose a estimé une dose d'environ 4 mSv, avec des doses équivalentes à certains organes allant jusqu'à 8 mSv.
Les débits de dose émis par les équipements de radiographie industrielle sont très élevés, et même les expositions les plus brèves au faisceau peuvent engendrer des doses élevées, elles peuvent l'être bien plus que dans le cas actuel.
1 Radiation Protection Officer
Un radiologue industriel et un aide-radiologue interviennent dans une entreprise pour examiner des pièces en aluminium de 15 mm d'épaisseur qui ne nécessitent pas de rayons X de forte énergie. Les paramètres utilisés sont les suivants : 60 kV, 10 mA, 30 s; les tirs sont horizontaux du fait de la nature des pièces (tôles plates), le faisceau du rayonnement est à environ 1,40 m du sol.
Pour une haute tension de 60 kV, on obtient des rayons X d'environ 40 keV (60 x 2/3).
Après installation (balisage, positionnement du tube et du pupitre, réglages...) les tirs commencent; le radiologue et son aide portent leurs dosimètres (opérationnel et passif) à la poitrine.
En plus de la lumière de signalisation intrinsèque au pupitre, une lampe flash qui sert de témoin pour l'émission des rayons X est connectée au pupitre et positionnée à proximité de celui-ci, cependant l'intervention se déroule en extérieur et l'intensité lumineuse due au soleil rend difficilement perceptible la lampe et la lumière de signalisation. De plus, ce jour-là, des travaux bruyants (mise en place d'un bardage métallique) sont réalisés à proximité à l'aide d'une disqueuse et rendent inaudibles les signaux sonores émis depuis le pupitre en début et fin d'émission des rayons X.
Les deux intervenants sont tous les deux au pupitre pendant l'émission des rayons X (fig. 1). Il est à noter que le pupitre est équipé d'une minuterie qui coupe automatiquement les X après le temps programmé et qui aurait donc du être contrôlée par le radiologue avant de se déplacer.
Avant la fin de l'émission, l'aide-radiologue se décale vers la droite (fig. 2) et le radiologue interprétant ce mouvement comme étant la fin de l'émission des rayons X se dirige vers le tube afin de récupérer le film (fig. 3); l'aide-radiologue le suit, radiamètre en poche (fig. 4).
Le radiologue fait le tour de la pièce à radiographier afin d'ôter le film, alors que l'aide-radiologue se dirige vers l'arrière du tube pour modifier l'emplacement de celui-ci (fig. 5).
Alors que le radiologue se trouve derrière la pièce, dans le faisceau, le dosimètre opérationnel de l'aide-radiologue se met en alarme : il avertit le radiologue et ils s'éloignent tous les deux rapidement ; le dosimètre du radiologue ne s'est pas déclenché. Ils retournent donc au pupitre, dont la minuterie a entre temps coupé les rayons X et font le point : ils n'observent pas de dose sur leurs dosimètres opérationnels respectifs, et le radiamètre de l'aide radiologue est arrêté (un arrêt automatique de l'appareil est prévu après un temps d'utilisation donné, paramétré par défaut en usine sur 30 minutes).
Pensant à un défaut de fonctionnement du radiamètre, ils terminent leur intervention et ne jugent pas nécessaire de prévenir la PCR au vu de l'absence de dose opérationnelle.
Les résultats de la dosimétrie passive (dosimétrie poitrine) du radiologue pour le mois concerné font apparaître une dose profondeur Hp(10) de 0,9 mSv et une dose peau Hp(0,07) de 19 mSv. Ces résultats, bien que très largement inférieurs aux limites réglementaires de la catégorie A (respectivement 20 mSv et 500 mSv) apparaissent en rouge gras dans le rapport du laboratoire soit parce qu'ils sont jugés anormalement élevés ou en raison de la différence inexpliquée entre les deux valeurs. Habituellement, lors de ce type d'intervention, la dosimétrie du radiologue est de 1 µSv maximum par opération (5h en moyenne) et sa dose mensuelle moyenne est comprise entre 0,2 et 0,25 mSv. La dose reçue le mois de l'incident est donc nettement supérieure aux doses mensuelles reçues habituellement.
En effet, la nature des rayonnements utilisée (γ de l'Ir192 et rayons X – utilisés ici) ne donne normalement pas lieu à une telle différence. Le résultat de la dosimétrie opérationnelle, issu du carnet de suivi dosimétrique du radiologue, est de 0,09 mSv, valeur 10 fois inférieure à celle du dosimètre passif.
Dosimétrie opérationnelle | Dosimétrie passive | |
---|---|---|
Hp(10) | Hp(10) | Hp(0,07) |
0,09 mSv | 0,9 mSv | 19 mSv |
Après contact avec le laboratoire d'où proviennent les dosimètres, il s'avère que le dosimètre passif a été exposé à des rayonnements X de faible énergie, de l'ordre de 40 keV ; les rayonnements de cette énergie sont largement atténués par la peau et n'exposent les tissus profonds que partiellement, d'où la différence entre la valeur peau et profondeur.
Le dosimètre opérationnel que le radiologue portait détecte les rayonnements si ceux-ci ont une énergie supérieure à 20 keV. Quant au radiamètre il détecte les photons à partir de 33 keV.
Le non déclenchement de l'alarme débit de dose du dosimètre opérationnel du radiologue n'a pas été expliqué, celui-ci étant techniquement, sur le papier, apte à détecter des X de 40 keV. Le fabricant n'a pas pu apporter de réponse précise sur ce fait. Après vérification du dosimètre du radiologue, dans les mêmes circonstances que celles de l'exposition (60 kV et 10 mA), il s'avère que celui-ci fonctionne correctement et se déclenche en alarme sur débit de dose avant de se trouver dans le faisceau.
La fiche de vérification de l'entreprise de maintenance du dosimètre, valide le bon fonctionnement de la cellule Hp(0,07) ; cette validation est effectuée vis-à-vis d'une réponse de la cellule au débit de dose d'une source connue à une distance connue mais n'est pas une vérification de la réponse en énergie.
pdf Radiographie industrielle : blessure à la main après exposition à des rayons X (605 ko)
Une entreprise effectuait de la radiographie industrielle (gamma et rayons X) dans des enceintes adaptées et sur site avec un équipement mobile.
Avant l'incident, un défaut des systèmes de signalisation du générateur à rayons X mobile a empêché la mise en œuvre des contrôles radiographiques prévus. Les responsables ont donc demandé à ce que cet équipement soit testé dans une enceinte de radiographie. Une méthode de test a donc été élaboré qui consiste à connecter les systèmes de signalisation de l'appareil mobile à celui d'une des enceintes de radiographie du site. Pour mettre cette méthode en œuvre, les systèmes de signalisation et de sécurité (verrouillage de la porte, avertisseur sonore et voyant de signalisation) d'une enceinte de radiographie ont été désactivés mais le générateur à rayons X pouvait quand même être utilisé.
Le jour de l'incident, deux opérateurs de radiographie, effectuaient des radiographies avec des rayons X dans une enceinte. Ils sont sortis prendre une pause mais ont laissé la clé permettant la mise en marche du générateur sur le panneau de contrôle. Un autre employé a constaté que l'enceinte était vide et a décidé de tester les systèmes de signalisation de l'appareil mobile en utilisant la méthode décrite ci-dessus pour la première fois.
Les opérateurs de radiographie reviennent dans l'enceinte pour configurer la prochaine exposition sans être conscients que les systèmes de signalisation ont été désactivés. Ils n'ont pas vu leur collègue qui se tenait au pupitre et était en train de tester l'appareil mobile et lui ne les pas vu entrer dans l'enceinte. Pendant qu'un des opérateurs déplaçait le tube à rayons X, l'employé testant les systèmes de signalisation de l'appareil mobile a lancé une exposition. Les doigts de la main droite d'un des 2 opérateurs étaient au-dessus du faisceau du générateur mais le faisceau n'était pas dirigé vers son corps. Les opérateurs ont remarqué qu'un voyant d'un système de signalisation séparé installé pour la radiographie industrielle s'était allumé indiquant une émission de rayons X et ont quitté l'enceinte immédiatement.
Il n'y a pas eu d'enquête juste après l'incident : l'incident a été signalé 3 semaines plus tard quand l'opérateur a informé l'entreprise de brûlures radiologiques à l'extrémité de ses doigts (voir photographie ci-dessous).
L'exposition aux doigts de l'opérateur de radiographie a été estimée à 23 Sv en considérant une exposition de 2 secondes au faisceau.
L'opérateur a souffert de graves dommages tissulaires aux doigts de sa main droite. Il a été traité par chirurgie mais ses doigts sont restés engourdis avec des picotements occasionnels même s'il est de nouveau apte au travail.
Cet incident aurait pu être facilement évité et l'exposition aurait pu être beaucoup plus importante. Les leçons à tirer de cet incident sont les suivantes :
pdf Radiographie industrielle : blessure à la main après exposition à des rayons X (605 ko)