pdf Irradiation de trois agents dans une installation de traitement par ionisation (143 ko)
L'appareil en cause est un accélérateur électrostatique d'électrons, modèle Samson (2,5 MV, 35mA). Il était utilisé pour le traitement par ionisation de matériaux fluorés. Les débits de dose en fonctionnement nominal sont de 80000 Gy/s (électrons).
L'appareil a été acheté d'occasion aux USA, par une société X qui l'a implanté en France, puis revendu à nouveau à une entreprise Y de stérilisation par irradiation. Le marché n'est pas porteur, la société est revendue à un particulier Z. Après redressement puis liquidation judiciaire, un tiers, PDG d'une société locale, rachète les murs et l'appareil et crée une nouvelle société T dont l'objectif est le traitement de matières fluorées sous irradiation. Cette société changera par la suite de dénomination T.
Dans ce parcours complexe, on retrouve une personne, conseil de la première entreprise de stérilisation, qui devient le DG de la nouvelle société.
Il n'y a pas de preuve que cet historique joue un rôle dans la survenue de l'accident.
Cependant, il convient de noter qu'il existe un certain nombre d'anomalies :
Lorsque l'appareil doit être mis en marche, l'opérateur effectue un parcours obligé qui le conduit à activer un rondier témoignant de son passage, à fermer des portes munies de « fins de course » ou d'un système optique, avant de pouvoir passer la clé de commande du pupitre de la position «arrêt» à la position «marche». Le parcours doit être effectué en moins de trois minutes sous peine d'être repris à sa phase initiale. L'accélérateur est ensuite placé en position « haut voltage ». Puis le faisceau est délivré en tournant la clé sur « Beam Current ». L'arrêt complet de l'appareil conduit à un arrêt programmé de l'installation de 15 minutes (temps nécessaire pour l'évacuation de l'ozone produit par l'ionisation de l'air).
Pour éviter cette procédure pénalisante, avant d'intervenir pour réparer une gaine de ventilation située à l'aplomb du scanner (dispositif de balayage du faisceau d'électrons), sous celui-ci, la décision a été prise de laisser la clé de commande en position « high voltage ». Dans cette position, l'alimentation du filament de tungstène (sources d'électrons) est coupée, mais la haute tension accélératrice est maintenue. Le courant qui traverse alors l'accélérateur est très faible (courant résiduel) mais des débits de dose voisins de 0,1 Gy/s subsistent. Par ailleurs, pour pénétrer dans le local sans passer par la porte métallique (ce qui arrêterait l'installation), les intervenants ont l'habitude de passer par la sortie du convoyeur qui ne dispose pas de détecteur d'intrusion.
Un bac en aluminium, contenant des produits fluorés, se bloque sous le scanner. Les produits s'enflamment, la fenêtre en titane du scanner est endommagée (elle sera remplacée).
Le chef d'équipe C, muni d'un masque pour se protéger de l'acide fluorhydrique (créé par interaction de la vapeur d'eau et du fluor dégagé par les produits), pénètre dans la salle d'irradiation pour éteindre l'incendie.
L'origine du blocage provient de la conception générale du système de convoyeur, de la petite taille relative des bacs par rapport à la largeur du convoyeur (les bacs ont tendance à se mettre en travers), de la déformation des bacs sous l'effet de la chaleur (faible épaisseur d'aluminium).
La gaine de ventilation en cause, en aluminium, est fragilisée par les rayonnements subis. Elle est cassante et friable. Elle a déjà été réparée avec du ruban adhésif.
L'intervention en elle même s'est déroulée de la manière suivante :
M. A pénètre par la sortie du convoyeur pour réparer la gaine de ventilation. Au bout d'un quart d'heure d'essais infructueux, le chef d'équipe envoie M. B puis, finalement, intervient à son tour. Les trois intervenants passent à plusieurs reprises les mains, les avant-bras, la tête et le dos sous le scanner. M. A qui se tenait accroupi a eu également une exposition des jambes.
Les films dosimètres réglementaires n'ont fait l'objet d'un développement qu'après l'apparition, chez les trois accidentés des premiers symptômes d'irradiation aiguë. Les équivalents de dose mesurés se situent aux limites du noircissement total des films dosimètres. Aussi, les valeurs fournies ne sont que des approximations. En outre, ces valeurs ne représentent pas les doses maximales subies dans la mesure où les dosimètres (portées à la poitrine) n'étaient plus soumis au faisceau primaire des électrons notamment lorsque les intervenants passaient la tête et le dos sous scanner.
Nom | Peau | Organisme entier |
---|---|---|
M.A | 40 Sv | 1 Sv |
M.B | 9 Sv | 250 mSv |
Chef d'équipe | 5 Sv | ? |
Le chef d'équipe remarque deux jours après une coloration anormale de ses deux mains et de son front. Peu de temps après, il perd ses cheveux progressivement sur le haut du crâne. Deux semaines après, il constate la présence d'un phlyctène de la main droite (soulèvement de la peau sous laquelle se trouve un liquide translucide). L'atteinte gagne ensuite les deux mains et avant-bras puis le thorax et le front. Les brûlures radiologiques couvraient 14 % de la surface cutanée, mais elles n'ont pas nécessité d'autogreffe.
M. B a ressenti des démangeaisons au cuir chevelu dès la fin de son intervention (1/4 h). Rapidement il est anormalement bronzé et perd ses cheveux. 2 semaines plus tard, les cloques descendaient dans le dos et le long du tronc. Les brûlures radiologiques concernaient 25 % de la surface du corps. Des greffes de peau lui ont été faites.
M. A fut le plus gravement touché. La surface corporelle a été brûlée à 60 %. Ces brûlures touchaient la tête, le tronc, les épaules, toute la jambe gauche, la cuisse droite et les deux bras. Pendant 6 mois, dont 6 semaines de coma, il a été placé en chambre stérile. Il a reçu une quinzaine de greffes.
L'arbre des causes, dans une hypothèse de construction vraisemblable, montre deux grandes chaînes causales : une chaîne liée à la conception du matériel, une chaîne liée au comportement des opérateurs.
Le convoyeur, la ventilation, n'ont pas été conçus pour fonctionner sous rayonnements. D'où des pannes régulières nécessitant des interventions.
La chaîne de sécurité présente une faille, puisqu'on peut entrer dans le local par la chicane de sortie du matériel.
Cette introduction n'est d'ailleurs pas sans risques, du point de vue classique, puisqu'il faut escalader 3 fois le convoyeur pour arriver jusqu'au scanner.
L'appareil n'avait pas été déclaré à l'Inspection du Travail.
Selon les témoignages recueillis au cours du procès qui a suivi l'accident, les trois opérateurs avaient l'habitude d'entrer dans la casemate par le sas de sortie du matériel, suivant en cela l'exemple du directeur général. Les raisons en sont la perte de temps occasionnée par la procédure officielle (recherche de productivité ?), et la méconnaissance profonde des risques, ou l'accoutumance.
Le personnel n'a reçu aucune formation aux risques, sauf peut-être chimiques (crainte du HF).
Il est évident que la réglementation en vigueur n'était pas respectée :
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pdf Exposition due à un appareil de radioscopie mobile (94 ko)
La société A est spécialisée dans le contrôle radiographique des marchandises et de fret. Elle utilise pour cela une installation de radiographie mobile, assemblée sur un engin motorisé (HCV-Mobile). Le jour de l’incident, le véhicule de radioscopie mobile se situait dans la propriété de la société A mais à l’extérieur des bâtiments et en l’absence de tout balisage et de matérialisation de la zone.
Une personne, qui travaillait pour une société voisine, s’est trouvée présente au voisinage du système de radioscopie de fret, alors que celui-ci fonctionnait. Aucun employé de la société A n’était alors présent. Seules des lumières rouges indiquent que l’appareil est en fonctionnement, il n’existe pas de signalisation sonore.
Cette personne a suivi un trajet l’amenant à longer le HCV-Mobile à environ 3 mètres de celui-ci en arrière de la colonne de détection du dispositif (voir schéma), rentrant un instant à proximité de la zone de tir. Arrivée à proximité de la cabine, la personne a alors franchi des faisceaux lumineux délimitant une zone de sécurité, ce qui a eu pour conséquence d’interrompre l’émission X. La colonne de détection étant blindée la personne n’a pas traversé le faisceau direct de rayons X.
Suite à l’incident, une évaluation de la dose a été faite en suivant la description de la trajectoire (6 minutes de présence). La dose cumulée estimée a été de 0,36 µSv.
Des mesures en condition réelle d’exploitation avaient été réalisées en différents points. Pour un point situé 3 mètres à gauche de la source, le débit de dose était de 150 µSv/h, résultant sans doute d’une légère fuite.
Les incidents sur ce type d’appareillage ne conduisent que rarement à des doses élevées. Néanmoins, ces appareils qui sont utilisés dans le contrôle des marchandises, des cargos, ou des bagages dans les aéroports sont susceptibles d’exposer un grand nombre de personnes lorsque des mesures de radioprotection souvent simples ne sont pas mises en œuvre.
Des mesures simples permettent d’éviter ces expositions certes faibles mais inutiles :
pdf Exposition due à un appareil de radioscopie mobile (94 ko)
pdf Incident de contamination dans une industrie agro-alimentaire (89 ko)
Pour mesurer le niveau de remplissage des cuves, un industriel de l’agroalimentaire dispose d’une jauge de niveau contenant une source de Césium 137, d’activité 37 MBq. Le dispositif de contrôle de niveau ne fonctionnant pas, un nouvel ingénieur de la société fournisseur du matériel concerné (seule habilitée à intervenir sur cette jauge), a scié le stylo contenant la source radioactive croyant raccourcir l’obturateur. Il ne connaissait pas le type de matériel sur lequel il intervenait.
Après l’intervention, le système ne fonctionnait toujours pas ce qui a conduit l’intervenant à suspecter un défaut sur une carte électronique. Après mise en place de la nouvelle carte électronique (2 jours plus tard), l’essai de l’appareil de contrôle n’a pas été concluant. La société, fournisseur de la source, a été alertée sur cette situation lors d’une communication téléphonique avec l’intervenant. Au cours de la conversation téléphonique, la société s’est rendue compte que leur employé est intervenu sur la jauge en pensant qu’il s’agissait d’un autre modèle.
L’établissement a fait appel le soir même à une société spécialisée pour localiser les zones contaminées.
La direction de l’usine a prévenu la préfecture et a été contactée tout de suite par la DRIRE.
L'intervenant et deux salariés de la brasserie qui sont directement intervenus sur la source ont subi une exposition due aux rayonnements ionisants, ainsi que des contaminations internes et externes.
La dispersion de matière radioactive est à l’origine de la contamination significative de plusieurs personnes qui ont été pris en charge sur le plan médical par l’IRSN, avec le concours des CMIR (Cellule Mobile d’Intervention Radiologique).
Trois zones contaminées ont été identifiées dans l’établissement :
Les résultats des mesures concernant les personnels potentiellement exposés n’ont révélé aucune contamination interne et n’ont donc pas nécessité de prise en charge médicale particulière.
Le niveau de radioactivité de la source endommagée était de 37 MBq. Les conséquences radiologiques auraient pu être plus graves s’il avait été question d’une source d’activité beaucoup plus importante comme il en existe sur le marché. Certaines jauges contiennent des sources allant jusqu’à plusieurs centaines de GBq.
Vérification faite, l’établissement était en règle et l’activité était soumise à déclaration. Il n’a été relevé aucun manquement à la réglementation pour ce qui concerne l’exploitant.
L’incident est reconnu par la société, fournisseur du matériel et seule habilitée pour intervenir, comme étant de sa seule responsabilité.
Néanmoins, il n’y a pas eu de contrôle de fin de chantier réalisé par l’exploitant ce qui aurait évité la dispersion de la contamination dans tout l’atelier.
L’organisation de la formation au sein de cette société semble être la cause principale de l’incident. Sont listées ci-dessous différentes mesures à mettre en œuvre qui auraient sans doute permis d’éviter l’incident :
pdf Incident de contamination dans une industrie agro-alimentaire (89 ko)