pdf Récupération de paratonnerres radioactifs sur le chantier (2.15 MB)
L'autorité de sûreté est informée par une association de la présence de onze paratonnerres radioactifs 1 sur des bâtiments en cours de démolition. L'autorité de sûreté contacte la société gestionnaire du site et maitre d'ouvrage ainsi que la société en charge des travaux de démolition qui prennent la décision d'arrêter et de mettre en sécurité le chantier. L'autorité de sûreté nucléaire (ASN) se rend sur le site avec son appui technique après la signalisation par l'association. Les paratonnerres radioactifs sont équipés de sources radioactives de radium 226 d'une activité estimée à 37 MBq.
La visite a permis de confirmer la perte des sources radioactives de deux paratonnerres sur les onze paratonnerres radioactifs que comptait le site. Six paratonnerres ont été retrouvés et évacués par une société spécialisée dans la dépose et la prise en charge de ces pièces. Les trois autres paratonnerres, encore en place, ont été déposés et pris en charge le lendemain de la visite. Les six têtes de paratonnerre retrouvées étaient abimées et pour cinq d'entre elles, la source était à nu et plus dans sa coque de protection.
Les mesures réalisées lors de la visite de l'ASN sur différentes zones ont révélé la présence de traces de contamination sur une pelle mécanique, ainsi qu'en deux points d'une zone remblayée.
La société en charge des travaux de démolition a ensuite mandaté une société spécialisée pour réaliser des recherches et une cartographie détaillée des zones contaminées. Certains éléments des deux paratonnerres radioactifs manquants ont été retrouvés dans une zone de remblais et l'absence de risque radiologique en dehors du site a été confirmée. Les parties manquantes n'ont pas été retrouvées, il a été conclu qu'au moins un des paratonnerres manquant a été concassé avec les gravats servant de remblais.
Le redémarrage des travaux de démolition dans des conditions de radioprotection satisfaisantes pour les travailleurs a eu lieu quelques jours plus tard. L'ensemble des intervenants sur le chantier a reçu une information relative à la radioprotection. Les filières d'élimination des déchets générés par le chantier ont été informées de l'éventuelle présence d'éléments radioactifs. Ces filières disposent de portique de détection de la radioactivité à l'entrée de leur site.
Une surveillance médicale a été organisée par la médecine du travail pour toutes les personnes susceptibles d'avoir été exposées aux sources radioactives. Les examens pratiqués à ce jour n'ont révélé aucune contamination des travailleurs.
Plus d'informations sur les paratonnerres rasioactifs peuvent être obtenus dans la fiche INRS ED 4447
pdf Fiche INRS ED 4447 (904 ko)
1 La présence de sources radioactives dans les anciens paratonnerres, en ionisant l'air dans son voisinage, était destinée à augmenter la probabilité d'amorçage électrique et le rayon de protection par rapport à une pointe métallique simple. La fabrication, la commercialisation et l'importation de ce type de paratonnerres sont interdites depuis le 1er janvier 1987. Néanmoins, des anciens paratonnerres radioactifs sont régulièrement déposés par des sociétés spécialisées à l'occasion d'opérations de remplacement.
A l'heure actuelle, on estime à plus de 30 000 le nombre de paratonnerres radioactifs qui seraient encore présents, en France, sur le toit d'édifices. Près de 10 000 ont déjà fait l'objet d'une dépose et d'une reprise par l'ANDRA. Le rythme annuel de dépose est d'environ 450 par an.
L'association INAPARAD recense une partie des paratonnerres radioactifs par départment (voir la carte)
pdf Récupération de paratonnerres radioactifs sur le chantier (2.15 MB)
pdf Incendie avec présence de détecteurs de fumée ioniques et paratonnerre radioactif (685 ko)
Deux SDIS sont intervenus sur des incendies impliquant des détecteurs de fumée ionique à base d’Américium 241 et un paratonnerre radioactif modèle Preventor à base de Radium 226.
Les détecteurs ioniques sont équipés d’une petite source scellée (en taille et en activité) d’Américium 241 dont les caractéristiques sont les suivantes :
Le paratonnerre Preventor est à base de Radium 226 et a les caractéristiques suivantes :
Le premier incident concerne un incendie dans un local d’un ERP survenu en milieu de nuit, le sinistre est limité à ce local et éteint rapidement par les sapeurs-pompiers. 3h après, le directeur de l’établissement informe l’officier préventionniste arrivé sur les lieux de la présence de détecteurs de fumée ionique à base d’Américium 241 dans l’établissement. Une reconnaissance est alors engagée dans le local afin de vérifier si un détecteur est impacté par l’incendie.
Le détecteur étant absent de son support au plafond, l’officier préventionniste demande l’engagement d’une Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) afin de procéder à la recherche de la tête radioactive. Les problématiques de recherche sont multiples :
La problématique est de retrouver la tête du détecteur de fumée dans les déblais et de contrôler l’absence de contamination alpha dans le local incendié, sur les personnes présentes dans l’établissement et sur les intervenants sapeurs-pompiers.
Les actions engagées sont :
Finalement, le détecteur est retrouvé dans le local sous une étagère. Plusieurs frottis sont réalisés :
Le détecteur avec sa source est conditionné dans un sachet plastique, puis remis au technicien de maintenance du système de sécurité incendie pour une élimination dans la filière adaptée.
Le second incident concerne un feu de toiture entièrement embrasé d’un ancien bâtiment appartenant à un groupe médical (immeuble de 4 étages avec combles). Le bâtiment n’est plus en activité et un sinistre dans une autre partie de l’établissement s’est déclaré 7 jours auparavant. Lors de ce premier sinistre, il a été identifié la présence de détecteurs ioniques à base d’Américium 241 dans toutes les chambres et la présence d’un paratonnerre radioactif de type Hélita à pastille. Lors de ce premier sinistre les détecteurs de fumée et le paratonnerre n’ont pas été impactés par le feu, mais l’information est remontée au SDIS.
Cette connaissance de la présence de sources radioactives par le premier commandant des opérations de secours a permis de prendre rapidement des mesures de protection pour les personnels et de demander l’engagement de la CMIR.
Rapidement la présence d’un second paratonnerre radioactif est confirmée, ainsi que la présence de détecteurs ioniques dans toutes les chambres. Le modèle du paratonnerre est identifié sur internet, il s’agit d’un modèle Préventor d’Indelec à base de Radium 226.
Une fois l’incendie maitrisé et contrôle des personnels, les opérations de recherche du paratonnerre et des détecteurs de fumée ont commencé.
Les actions engagées sont :
Le quatrième étage étant totalement effondré, une première recherche de détecteur de fumée est entreprise. Elle se révèle infructueuse compte tenu du volume de gravats à contrôler. Les recherches sont stoppées et la consigne laissée aux personnes en charge de leur évacuation (société privée).
Pour les deux interventions, les dosimétries à lecture différée et opérationnelle sont nulles pour l’ensemble des intervenants.
Dans le cadre des deux interventions les cadres d’astreinte de l’ASN et de l’IRSN sont prévenus conformément à la circulaire 1390 du 23 décembre 2005 du SGDSN sur la gestion des situations d’urgence hors plan d’urgence.
Certains appareils de radioprotection étaient défaillants avec un affichage de bruit de fond égal à zéro. Cela doit alerter l’opérateur et souligne l’importance du contrôle mensuel de bon fonctionnement des appareils de radioprotection.
En cas de suspicion de contamination radiologique, il est nécessaire de disposer d’une quantité importante de vinyle, de gants, de frottis.
Dosimétrie nulle pour les intervenants : Dosimétries opérationnelle et à lecture différée au niveau de la poitrine nulles pour les intervenants.
Pour en savoir plus :
Fiche IRSN du Radium 226 : https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/professionnels_sante/documentation/IRSN-fiche_radium226.pdf
Fiche IRSN de l’Américium 241 : https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/professionnels_sante/documentation/IRSN-fiche_Americium241.pdf
pdf Incendie avec présence de détecteurs de fumée ioniques et paratonnerre radioactif (685 ko)
pdf Récupération d'objets en Ouraline (242 ko)
Deux interventions rapprochées ont mobilisé les équipes spécialisées en risques radiologiques des SDIS pour une levée de doute radiologique sur des objets en Ouraline.
L’Ouraline est un verre dans lequel est incorporé de l’Uranium sous la forme de Diuranate. La proportion varie généralement entre 0.1 et 2 % du poids total de l’objet. Toutefois, sur des objets anciens du 19ème siècle la teneur peut atteindre 25 %. Les objets en Ouraline sont principalement des verres, des carafes, des vases et des cendriers. Ils ont la particularité d’être de couleur verte et fluorescents sous une lumière ultraviolette. Aujourd’hui ce type d’objet est en vente dans les brocantes, vide-greniers ou facilement disponible sur internet.
La première intervention concerne l’achat de deux verres en Ouraline pour la fête des mères. Après achat et renseignements pris sur internet, l’acheteur se rend compte du caractère radioactif du verre et s’inquiète. Après un premier contact avec l’ANDRA, il est invité à contacter l’IRSN pour réaliser une caractérisation de l’objet. Cette dernière est demandée à une Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) afin de contrôler le caractère radioactif des verres et le risque d’irradiation potentiel.
L’intervention de la CMIR confirme l’absence de risques comme le montrent les résultats de mesure du tableau ci-dessous :
Appareil | Bruit de fond | Mesure à 30 cm | Mesure au contact |
Ictomètre | |||
Sonde X | 4 c/s | 8,8 c/s | 110 c/s |
Sonde Alpha Bêta Gamma | 0,06 c/s | 1,6 c/s | 55 c/s |
Radiamètres | |||
A base de GM | 0,01 µSv/h | 0,01 µSv/h | 0,08 µSv/h |
A base d’un compteur proportionnel | 0,074 µSv/h | 0,092 µSv/h | 0,082 µSv/h |
Compte-tenu des résultats de mesure, l’intervention de la CMIR se finit et les verres ont pu être offerts pour la fête des mères.
La seconde intervention concerne un brocanteur qui se plaint de maux de tête après avoir été en contact avec des objets en Ouraline 15 jours auparavant. Après un premier questionnement par la CMIR, il est découvert qu’un vase a été vendu à des touristes de passage qui ont été hospitalisés pour des maux de têtes et nausées après cet achat.
Une seconde CMIR est engagée dans le département des acheteurs pour une levée de doute radiologique sur le vase et dans le logement.
Les appareils utilisés par les deux CMIR sont les suivants :
- Ictomètre portatif Alpha-Béta-Gamma.
- Sonde Alpha de surface 100 cm².
- Spectromètre portatif CsI.
Le faible niveau d’Uranium présent dans les objets n’a pas pu être détecté par le spectromètre portable.
Les relevés sont négatifs sur les sites, le risque radiologique est écarté. Il n’y a aucun lien physique entre les symptômes et les objets en Ouraline.
Information des personnels de la CMIR que les objets radioactifs à base de verre ou d’émaux dont le niveau de radioactivité est faible sont sans risque pour la santé.
Partage de l’information entre les différentes parties prenantes sur les objets en Ouraline et les objets en émaux radioactifs et leur présence potentielle dans des lieux de vente.
Nulles, pas de contamination ni de risques d’irradiation.
Dosimétrie nulle pour les intervenants : dosimétrie opérationnelle + différée poitrine
Il semble qu’il y ait un lien psychologique entre les symptômes et la connaissance de la présence de radioactivité. La radioactivité et le niveau de risque sont en effet très mal perçus par le grand public, qui y associe rapidement des symptômes (trouble psychosomatique).
Conséquences potentielles : en cas de casse, comme le montre l’exemple ci-dessous, le risque de contamination par inhalation ou blessure est négligeable.
Exemple :
Prenons le cas de l’uranium-238, proche de l’uranium naturel. 3 tonnes correspondent à 37 GBq. Un verre en Ouraline pèse 100 grammes, en considérant 3% d’uranium dans l’objet, cela représente 3 grammes d’uranium. Cela correspond à une activité soit un facteur 10-9 en masse, soit 37 Bq en activité totale d’uranium dans le verre.
On suppose que l’uranium est en équilibre avec ses descendants, ce qui entraine une activité 10 fois plus importante : 370 Bq.
Si on casse le verre et que l’on considère que 1 % de l’activité (soit 3,7 Bq) est incorporée par blessure (équivalent à une ingestion) et en sachant que la dose par unité d’incorporation est de 7,8.10-7 Sv/Bq.
On obtient une dose intégrée de 2,9 µSv soit 4 à 5 heures d’exposition naturelle.