Une équipe de deux radiologues industriels intervient de nuit pour un chantier de contrôle de soudure sur des tuyauteries extérieures de diamètre 400 mm sur une installation pétrolière. Le gammagraphe utilisé dispose d'une source d'iridium-192 de 0,44 TBq.
Les canalisations sont situées à 0,25 m du sol d'une passerelle positionnée à 3 mètres du sol.
Les deux agents font partie de la même société mais d'agence différente, ils ne se connaissent pas et travaillent ensemble pour la première fois. Il n'y a pas de procédure écrite pour le travail en équipe et les deux agents ont donc décidé ensemble de l'organisation du travail en début de poste.
Pour la préparation des soudures (mise en place des radiogrammes, positionnement du collimateur...) les agents travaillent chacun d'un côté de la tuyauterie : le film (radiogramme) étant mise en place d'un côté par A et le dispositif d'irradiation (collimateur) de l'autre par B (voir schéma ci-dessous).
Une fois l'installation réalisée, l'agent B arme le gammagraphe pendant que l'agent A rejoint la zone de repli ; l'agent B s'éloigne du gammagraphe, se dirige vers la télécommande et procède à l'éjection de la source. Il rejoint ensuite la même zone de repli.
Lors de la cinquième exposition (soudure délicate à contrôler) l'agent A, après s'être éloigné comme convenu, modifie son itinéraire (sans prévenir l'agent B) et revient vers la soudure pour revérifier la position du collimateur et du film : l'agent B ne voyant pas l'agent A du fait de l'encombrement du site pense qu'il est au point de repli et éjecte la source (voir schéma).
L'alarme du dosimètre opérationnel de l'agent A se déclenche alors et celui-ci alerte de vive voix son collègue qui procède au retour de la source dans le gammagraphe.
La durée de l'exposition a été d'environ 10 secondes.
La seule conséquence a été l'exposition externe de l'agent A.
La dose intégrée par le dosimètre opérationnel est de 0,22 mSv.
La dose intégrée par le dosimètre passif envoyé en analyse en urgence est de 0,125 mSv (au niveau de la poitrine).
Le dosimètre passif a été développé en urgence.
En attendant le résultat de la dosimétrie passive, l'agent A a stoppé le travail.
Une causerie sur l'incident a été organisée auprès des équipes.
Des visites de chantier régulières ont été organisées.
L'agent A a alerté immédiatement l'agent B lors du déclenchement de l'alarme du dosimètre opérationnel.
Les mesures prises après l'incident peuvent également être considérées comme des bonnes pratiques.
pdf Contamination des locaux d'une brasserie lors du retrait de sources d'américium-241 (282 ko)
Au cours du réaménagement d’une brasserie, quatre jauges de niveau, contenant chacune une source scellée d’américium-241 de 3,7 GBq, sont retirées d’une chaîne de production pour mise en sécurité préalable avant leur reprise. Les jauges ont en effet dépassé leur durée d’utilisation, elles requièrent un conteneur spécifique pour leur transport.
Chaque source d’Am-241 est contenue dans un tube en acier inox. Ce tube est ensuite pris en « sandwich » entre des plaques d’acier, auxquelles sont reliés un obturateur et un support.
L’entreprise de transport mandatée par la brasserie pour la reprise des sources ne possède qu’un seul conteneur. Elle décide donc de démanteler les quatre jauges sur place, de retirer les sources d’Am-241 puis de les transporter toutes les 4 dans le conteneur.
Les sources, de la taille d’un fusible, sont en fait maintenues en place avec de la colle. L’opérateur de l’entreprise de transport retire alors les sources de leur emplacement à l’aide d’un tournevis, et les place dans le conteneur. Les sources sont endommagées lors de cette opération. Toutes ces opérations sont effectuées à l’arrière d’une camionnette, stationnée sur le parking « visiteurs » de la brasserie, aux abords d’une artère très fréquentée.
Après cette l’opération, le chauffeur se rend sur un deuxième site où il récupère d’autres matériels, retourne à son dépôt et rentre ensuite chez lui.
Quelques jours plus tard, il est découvert que le conteneur et l’intérieur de la camionnette sont contaminés à l’américium-241. Des contrôles supplémentaires montrent que la contamination est étendue à d’autres véhicules et à d’autres sites ainsi qu’à la voiture et au domicile de l’employé de la société de transport. L’entreprise de transport déclare alors l’incident et une enquête approfondie est menée.
Il a été déterminé que le sol du parking de la société de transport a été contaminé par une activité totale de 70 kBq en 54 points.
Les doses reçues proviennent principalement de l’ingestion d’Américium-241. Les doses effectives engagées ont été estimées à 20 mSv et 2 mSv pour deux salariés de l’entreprise et à moins de 1 mSv pour l’épouse du salarié le plus contaminé.
Notes concernant l’ADR :
*RPA : Radiation Protection Adviser : Conseiller en radioprotection
pdf Contamination des locaux d'une brasserie lors du retrait de sources d'américium-241 (282 ko)
pdf Perte de sources de polonium-210 - 2 exemples (1.48 MB)
Les notes ajoutées par le réseau RELIR France sont indiquées en italique.
Lors du remplacement de plusieurs sources de polonium-210 utilisées pour l'élimination de l'électricité statique dans une usine, le fournisseur a remarqué que l'une des sources originales contenant 440 MBq de polonium-210 est manquante. La direction a été informée et le fournisseur a conseillé d'enquêter sur la perte et si nécessaire de le signaler à l'autorité compétente.
L'enquête a conclu que la barre anti électricité statique s'est probablement décrochée pendant l'utilisation de la machine et est tombée dans une poubelle située dessous sans que personne ne le remarque. Le contenu de la poubelle a probablement était amené dans une décharge. Une étude des dossiers de la compagnie a montré que d'autres sources ne pouvaient pas être immédiatement localisées. Finalement, la source citée ci-dessus et une autre source de 370 MBq de polonium-210 ont été perdues et amenées dans une décharge avec les autres déchets de l'usine.
L'enquête a également révélée que le responsable de radioprotection a quitté l'entreprise un peu avant l'incident et que plus personne dans l'entreprise n'était formé à la radioprotection et ne connaissait la réglementation concernant l'utilisation des matériaux radioactifs.
Une barre d'élimination d'électricité statique de 1 mètre de long installée dans une usine devait être remplacée. Avant le remplacement, la nouvelle barre (contenant 3 GBq de polonium-210) était stockée dans une armoire en acier verrouillée dans un bureau d'une zone de production. Des trèfles signalant la présence de rayonnements étaient affichés sur l'armoire.
Cependant, l'armoire a été signalée disparue, le responsable de radioprotection est contacté et des recherches sont effectuées dans les locaux. Une enquête a montré que l'armoire avait été temporairement déplacée dans une autre zone pendant la rénovation du bureau plusieurs semaines plus tôt. Des employés ont ensuite été réquisitionnés pour nettoyer cette autre zone et mettre tous les déchets dans une benne.
L'incident a été signalé au conseiller en radioprotection et aux autorités de contrôles. Il a été découvert que l'armoire et la source avaient été placées dans une benne désignée pour l'évacuation des déchets métalliques. La benne a été récupérée par un ferrailleur et son contenu broyé avant transport chez un distributeur. Ce qui a été fait du matériau ensuite n'a pas été identifié : ni le lieu d'envoi, ni le fait qu'il ait été recyclé ou envoyé dans une décharge. Des mesures effectuées dans les locaux du distributeur n'ont pas montré de contamination radioactive.
Vu les incertitudes concernant le destin de ces sources, il n'est pas possible d'effectuer d'estimation précise des expositions possibles. Cependant, les conclusions générales sont les suivantes :
A noter que le polonium-210 étant un émetteur alpha, il ne peut générer un risque par irradiation. En revanche, en cas de dégradation et de dispersion, il présente un risque important d'exposition interne. Par ailleurs, sa haute toxicité chimique en fait un produit à manipuler avec une grande précaution.