pdf Incidents consécutifs à un balisage défaillant (101 ko)
Ces incidents peuvent être définis de la façon suivante : le balisage est défaillant, un accès n'est pas balisé et permet de pénétrer à l'intérieur de la zone d'exclusion. Le, ou les, opérateurs peuvent alors se rapprocher de la source pendant le contrôle radiographique et ainsi être exposés aux rayonnements.
Ce type d'événement est caractéristique d'un manque de maîtrise du balisage. Plusieurs causes peuvent être à l'origine de de type de situation :
Les exemples ci-dessous illustrent chacune de ces trois familles.
Dans le cadre d'un contrôle radiographique sur un circuit d'incendie dans une station de pompage d'eau au bord d'une rivière, une absence de balisage est constatée en bas d'une échelle permettant d'accéder du rez-de-chaussée à un niveau supérieur situé dans la zone d'exclusion.
Les plans de la station de pompage n'étaient pas suffisamment précis, ils n'identifiaient pas tous les cheminements possibles, dont les accès potentiels par les échelles. C'est une vérification indépendante du balisage, par le service compétent en radioprotection de l'installation industrielle, qui a permis de détecter cet écart avant le début du tir gammagraphique. L'autocontrôle réalisé par le chargé de travaux de l'entreprise de contrôle radiographique n'avait pas permis de détecter l'erreur de balisage.
Pour réaliser une campagne de tirs gammagraphiques dans une salle des machines, celle-ci a été totalement isolée (interdite d’accès).
Pourtant, le non-respect du plan de balisage permettait potentiellement d’accéder à la zone d’exclusion par un escalier situé à l’extérieur de la salle des machines mais desservant chaque étage de celle-ci. L’accès à cet escalier aurait donc dû être interdit et signalé par une balise et un gyrophare. Dans les faits, seule la porte d’accès à la salle des machines située au rez-de-chaussée dans la cage d’escalier était balisée : on pouvait donc accéder à la zone d’exclusion par les étages sans franchir ni voir de balisage.
C’est l’attitude interrogative d’une personne ayant emprunté l’escalier qui a permis de détecter l’absence du balisage. Cette personne a trouvé incohérent de rencontrer un balisage au rez-de-chaussée et de ne pas en voir aux étages supérieurs.
Lors d'une activité de contrôle de soudures, le plan de balisage n’a pas été respecté par l’opérateur de tir : ni banderole, ni balise lumineuse n’a été posée sur deux échelles qui permettaient d’accéder à une pièce côtoyant le local où des tirs gammagraphiques étaient en cours.
Cet écart a été constaté lors d’une activité de contrôle sur des chantiers à proximité de ces deux accès potentiels.
Aucune : personne, à aucun moment, ne s’est trouvé dans la zone d’exclusion. Aucune dosimétrie n’a été intégrée.
Dans les deux premiers cas présentés ci-dessus, une intrusion involontaire aurait pu conduire au dépassement d'une limite de dose réglementaire (1 mSv) pour la ou les personnes qui auraient emprunté les accès non balisés.
Dans le troisième exemple, une personne présente dans le local accessible par les échelles n'aurait pas pu s’approcher de la source, la configuration du local l’interdisant. Dans l’hypothèse où elle aurait séjourné dans ce local pendant toute la durée du contrôle radiographique (3 heures), elle aurait intégré une dose maximale de 1,7 mSv.
Dans la mesure du possible, la mise en place du balisage doit être vérifiée par le chargé de travaux de l’entreprise de contrôle radiographique (autocontrôle) ainsi que par une entité indépendante des opérateurs de tirs.
L’attitude interrogative de toute personne amenée à côtoyer les tirs radiographiques peut aussi aider à la vérification de la mise en place des balisages, et dans certains cas, éviter des incidents ou accidents d’exposition. Une formation ou, à défaut, une information minimale sur les risques potentiels inhérents à une intrusion en zone de tir, doit donc être assurée pour tous les intervenants non directement concernés par ce type d’opération.
Par ailleurs, il est essentiel de disposer de plans de balisage de qualité, élaborés à partir de plans de l’installation identifiant les conditions réelles de l’environnement de travail. Cela sous-tend la mise à disposition de plans lisibles et de dimension adaptée pour garantir cette lisibilité ainsi que l’adoption de représentations standardisées (pour les portes, trappes, échelles, ascenseurs,…).
Rappelons enfin que la réalisation de tirs radiographiques sous-tend une collaboration étroite entre entreprise intervenante et entreprise utilisatrice (articles 237-1 à 237-28 du code du travail).
pdf Incident lors d'une séance de formation : porte-source bloqué (103 ko)
Lors d’une séance de formation au contrôle gammagraphique, Monsieur A, stagiaire, oublie de mettre en place le raccord à boule permettant de relier le câble de la télécommande au porte-source. Il branche donc directement les deux accessoires. Lorsqu’il veut éjecter la source (Ir-192, 740 GBq), le porte-source se bloque immédiatement après un tour de manivelle, à environ 25 cm du conteneur du gammagraphe. Monsieur A se retrouve alors dans l’impossibilité de ramener le porte-source en position de stockage.
Monsieur A appelle son responsable, Monsieur B, qui est aussi la Personne Compétente en Radioprotection. Celui-ci vérifie d’abord qu’il n’est pas nécessaire d’agrandir la zone de balisage puis prend l’initiative de résoudre seul le problème.
Sachant, grâce au nombre de tours de manivelle effectués par le stagiaire, la distance entre le porte-source et le gammagraphe, Monsieur B estime la position de la source et conçoit son intervention de façon à en rester le plus éloigné (par exemple, pour ne pas poser ses mains au niveau de la source). Il décide ainsi d’attraper la gaine d’éjection à environ 1,5 m du gammagraphe puis de lever énergiquement l’ensemble « gaine et gammagraphe » afin de faire redescendre par gravité le porte-source en position de stockage. Monsieur B répète cette manœuvre plusieurs fois grâce à des essais à blanc (sans source) chronométrés. Il intervient ensuite et réussit à récupérer la source.
Monsieur B portait des dosimètres passif et actif ainsi qu’un dosimètre électronique au poignet. Son temps d’exposition a été très court (quelques secondes) : les doses qu’il a intégrées lors de cette intervention sont donc faibles : 70 microSv corps entier et 110 microSv pour une main. Notons cependant que le débit de dose à 1,5 m de la source était approximativement de 45 mSv/h.
Le stagiaire était classé catégorie A et portait également ses dosimètres. L’incident s’est déroulé dans un blockhaus : le stagiaire se situait à l’extérieur lors de l’éjection de la source, il n’a donc pas été exposé.
Lors de la manipulation d’un gammagraphe, l’opérateur ne doit pas forcer une connexion entre deux éléments, ce qui a certainement été fait dans cet exemple pour relier directement le câble de la télécommande au porte-source.
Quels que soient le type et le lieu des incidents, les consignes de sécurité précisent qu’un opérateur ne doit pas tenter de les résoudre seuls. En cas d’incident complexe, il est recommandé de faire directement appel au constructeur des gammagraphes ou à l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) qui disposent des ressources et des compétences nécessaires pour intervenir en situation incidentelle.
Si un tel incident a lieu en dehors d’un blockhaus (sur la voie publique, dans un lieu public ou dans une entreprise non spécialisée), il est recommandé de recourir, en plus de l’IRSN et du fabricant, à d'autres services. Dans certains cas, la situation est en effet susceptible d’évoluer en situation d'urgence radiologique.
Ces services sont alors généralement représentés par les services d'incendie et de secours et les forces de police ou de gendarmerie. Ils assurent, au départ, les premières mesures conservatoires et se chargent d'aviser les autorités de police administratives générales que sont le Maire et le Préfet et spéciale qu’est l’ASN. Par la suite, ils concourent à la solution de l'incident.
En cas d’incident, il est essentiel de localiser la source. La réalisation de contrôles radiologiques (mesure des débits de dose) reste le moyen le plus précis et le plus sûr. De plus, lorsque l’intervention a été définie et si cela est possible, une bonne pratique consiste à réaliser plusieurs essais à blanc (sans source) afin d’optimiser les gestes et les temps d’exposition.
Cet incident souligne le besoin de contrôler les connaissances des opérateurs et d’accompagner les jeunes intervenants lors de leurs premières manipulations. Des procédures internes au sein des entreprises de contrôle pourraient être définies en ce sens.
Lors des formations, il peut aussi être utile de former les stagiaires aux comportements à adopter face aux incidents. Ici, Monsieur A a bien réagi puisqu’il a directement contacté la PCR et n’a pas cherché à récupérer la source.
pdf Incident lors d'une séance de formation : porte-source bloqué (103 ko)
pdf Evacuation incomplète de la zone d'exclusion (100 ko)
L’évacuation incomplète d’une zone balisée avant contrôle radiographique est généralement liée à la concomitance de deux circonstances, il s’agit :
Dans ces conditions, le balisage est souvent posé alors que des intervenants sont déjà dans l’espace amené à devenir zone d’exclusion. Ils n’ont alors pas conscience de l’évolution de la situation et n’appréhendent donc pas toujours les risques qu’ils encourrent à rester à leur poste de travail. Dans les faits, le, ou les individus peuvent ainsi être considérés comme « prisonniers ». Par la suite, ils peuvent se trouver à proximité de la source, pendant le contrôle radiographique, sans avoir eu connaissance de la réalisation du tir (en effet, ils n’ont franchi aucun balisage).
Ce type d’événement est caractéristique d’un manque de maîtrise de la zone balisée.
Les deux exemples qui suivent sont significatifs de telles situations où la zone d’exclusion – une salle des machines – est un vaste bâtiment industriel dont les dimensions (longueur = env. 100 mètres, largeur et hauteur = env. 40 mètres) ne facilitent pas l’évacuation avant le début des contrôles radiographiques.
En sortant d’un bungalow installé en salle des machines, deux intervenants constatent qu’ils se trouvent à l’intérieur d’une zone balisée pour la réalisation de contrôles radiographiques, alors que les tirs sont en cours.
Deux intervenants réalisent un usinage sur un robinet alors qu’ils se trouvent à l’intérieur de la zone d’exclusion pour un tir radiographique. Ils prennent conscience de leur situation lors de la diffusion d’un message sonore préalable au début du tir. Ils évacuent immédiatement leur chantier, ceci quelques minutes seulement avant l’éjection de la source.
Des mesures sur le terrain ont permis de vérifier l’absence de débit de dose sur le chantier et le chemin qu’ils ont emprunté lors de leur évacuation dans le cas où la source aurait été éjectée prématurément.
Dans l’exemple 1, chaque intervenant a reçu une dose de 0,04 mSv.
Dans l’exemple 2, aucune dose n’a été intégrée compte tenu de l’évacuation de la zone par les intervenants avant éjection de la source.
L’exemple 1 aurait pu conduire à l’intégration d'une dose de 0,5 mSv correspondant à toute la durée des tirs.
Pour l’exemple 2, l’absence de débit de dose sur le chantier et le chemin d’évacuation dans la situation « source éjectée » conduit à des doses nulles.
Comme mis en avant dans le premier paragraphe, plus la zone d’exclusion est importante, plus elle est difficile à maîtriser. En conséquence, lorsque que l’installation le permet, il est nécessaire de définir une zone d’exclusion la plus réduite possible.
Pour favoriser et garantir l’absence d’intervenants dans la zone d’exclusion :
Par ailleurs, l’entreprise utilisatrice peut contribuer à l’évacuation de la zone en déployant des ressources à cet effet auprès des opérateurs de tir.