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pdf Surexposition de soudeurs suite à la perte temporaire d'une source d'ytterbium-169 (264 ko)
Une industrie de fabrication de métal réalisait des gammagraphies avec une source d'ytterbium-169 dans une enceinte spécifique. L'enceinte et l'équipement de gammagraphie étaient détenus par l'entreprise mais les gammagraphies étaient effectuées par des sous-traitants.
Ce travail de radiographie présentait certaines caractéristiques particulières :
Le jour de l'incident la colle fixant le joint fileté a cédé. Quand la source a été éjectée le long de la partie courbée du tube guide, les forces de rotations ont été suffisantes pour que la capsule contenant la source se dévisse du porte source.
Suite à la dernière radiographie, l'opérateur a rentré le porte source mais la capsule contenant la source est tombée du tube guide à l'intérieur de la pièce radiographiée. L'opérateur a mesuré le débit de dose au niveau du container ; il a cru que la source était à l'intérieur malgré la valeur du débit de dose correspondant à un container vide et a ramené le container au magasin. L'opérateur a noté que le voyant du container est passé de rouge à vert mais ceci est provoqué par le retour du porte source dans le container, que celui-ci soit complet ou non. L'opérateur n'a pas utilisé le débitmètre pour contrôler l'ambiance de l'enceinte.
La pièce a ensuite été amenée dans l'atelier de soudage. A la fin de leur poste, les soudeurs ont vérifié qu'il n'y avait aucun débris de métal à l'intérieur de la pièce et ont remarqué la capsule contenant la source qui ressemblait à une petite vis. Les soudeurs se la sont passés de mains en mains pour essayer d'identifier son origine ignorant qu'il s'agissait d'une source radioactive.
Les opérateurs de gammagraphie sont revenus plus tard et, en entrant dans l'atelier de soudage, certains de leurs dosimètres personnels se sont déclenchés. Cependant, les opérateurs ont considéré ces alarmes comme non justifiées et les ont ignorées. Certains des opérateurs de gammagraphie ont également pris la source en main pour l'identifier. Un radiamètre a finalement été utilisé ce qui a révélé que c'était une source radioactive. A ce moment-là, la pièce a été évacuée et la source récupérée sans incident supplémentaire.
Les autorités de contrôle nationales ont mené une enquête sur l'incident. Une première estimation a indiqué que les doses reçues aux mains atteignaient 16 Sv et les doses corps entier 5 mSv. Aucunes réactions tissulaires n'ont été observées suite à l'incident et les doses aux mains ont été ensuite réévaluées à maximum 2 Sv.
L'enquête a conclu que les doses reçues auraient pu être bien plus élevées. Les soudeurs avaient l'intention de sortir la source de l'installation et la montrer à d'autres employés pour aider à l'identifier. Si cela était arrivé, un plus grand nombre de personnes aurait pu être exposé.
Les soudeurs n'étaient pas des travailleurs exposés et n'étaient pas formés à la radioprotection, certains ont été très inquiets suite à l'incident.
L'entreprise a été poursuivie pour n'avoir pas effectué une évaluation adaptée et suffisante des risques radiologiques pour les travaux de radiographie. Une évaluation des risques auraient identifiée que :
Une autre leçon peut être tiré concernant le fait que les opérateurs de gammagraphie n'ont pas reconnu immédiatement la capsule contenant la source lorsqu'ils l'ont eu en main alors que l'entreprise dispose de capsule factice pour des démonstrations. Tous les opérateurs de gammagraphie devraient pouvoir reconnaître les capsules contenant les sources et l'information devrait également être donnée aux autres employés qui peuvent être en contact avec les sources comme les soudeurs.
En France, l'entrée dans l'enceinte doit s'effectuer avec un radiamètre.
pdf Surexposition de soudeurs suite à la perte temporaire d'une source d'ytterbium-169 (264 ko)
pdf Exposition lors d'un tir radiographique avec dépassement d'une limite règlementaire (140 ko)
L'incident a eu lieu dans une entreprise de chaudronnerie. Selon les règlementations applicables, les soudures de certains appareils chaudronnés doivent être contrôlés par radiographie. Ces contrôles radiographiques de soudure sont effectués dans les ateliers de l'entreprise par un salarié radiologue classé en catégorie B.
Lors du traitement du dosimètre trimestriel du radiologue, le laboratoire en charge du développement signale un dépassement de la limite règlementaire annuelle de dose (Dose de 22,04 mSv). L'évènement ayant été détecté suite à la réception de ce résultat, il n'a pas été possible de déterminer la chronologie précise de cet événement. Les investigations menées par le laboratoire sur le dosimètre passif montrent que celui-ci a été exposé à des photons de moyenne énergie de 90 keV environ ce qui est cohérent par rapport à l'énergie des rayonnements X mis en œuvre dans les ateliers (103 keV).
Suite à cet incident, des investigations ont été menées pour en déterminer la ou les causes. Les dosimètres d'ambiance n'ont pas révélé de situation anormale sur la période considérée.
Durant la période de port du dosimètre, les activités habituelles de contrôles radiographiques des soudures dans les zones délimitées par un balisage ont été effectuées. Le radiologue intervenait seul et était donc le seul présent dans la zone balisée. Les séances de tirs radios se déroulent comme suit :
En moyenne, le radiologue réalisait environ 1200 tirs par mois (d'une durée de 22 s en moyenne) soit environ 3600 tirs sur le trimestre concerné par l'incident.
Lors de la période de l'événement, le radiologue portait également un dosimètre opérationnel. Sur la période de port concernée, le cumul des doses relevées par le radiologue avec les dosimètres électroniques est de 0,01 mSv.
Plusieurs explications possibles de l'écart entre la dosimétrie opérationnelle et la dosimétrie passive sont avancées :
Les dosimètres électroniques ont été envoyés à la société responsable de leur maintenance pour un contrôle de leur fonctionnement et une exploitation de leur historique. Il n'a pas été possible de retracer tout l'historique sur la période concernée mais seulement sur la deuxième moitié de la période. Les doses enregistrées ne correspondent pas à la dose de 22,04 mSv mais un des deux dosimètres a enregistré une dose de 2,82 mSv un jour où le radiologue a inscrit une dose de 0 mSv sur sa fiche de relevé dosimétrique. Ce jour-là, le radiologue a procédé au préchauffage du générateur comme tous les soirs. Le radiologue a rapporté qu'en fin de préchauffage alors qu'il se trouvait à environ 12m du générateur, l'alarme du dosimètre électronique s'est déclenchée et qu'il avait vu une valeur affichée sur le dosimètre puis que cette valeur était revenue à 0 (valeur indiquée sur la fiche de relevé dosimétrique). Cependant, à partir du moment où une dose est affichée sur le dosimètre électronique, elle ne peut revenir à 0 qu'après arrêt du dosimètre qui ne peut être que volontaire car il nécessite un appui continu pendant 10 secondes sur un bouton. L'historique met en évidence que juste après que le dosimètre ait affiché cette dose, le radiologue a aussitôt arrêté son dosimètre puis l'a remis en marche ce qui a entrainé la remise à 0 de cette dose.
Cet événement anormal appuie le facteur humain comme origine de cet incident.
Cependant plusieurs hypothèses ont tout de même été étudiées pour expliquer cette exposition
Suite aux diverses investigations menées, il a été conclu que l'incident est probablement dû à une erreur humaine : présence du radiologue à proximité du générateur pendant la réalisation de tirs radiographiques ou plus probablement dans le faisceau pendant la phase de préchauffage alors que l'obturateur n'était pas en place.
Il est peu probable que le radiologue ait été exposé en phase de tir car la distance source / film est de 700 mm et le générateur étant placé sur un chariot, il reste 300 mm entre le chariot et l'appareil à radiographier et il est donc quasiment impossible de passer devant le faisceau à ce moment-là.
Pendant la phase de préchauffage à proximité du pupitre où doit se trouver le radiologue, le DeD est inférieur à 0,5 µSv/h avec l'obturateur en plomb, et de l'ordre de 30 µSv/h en cas d'oubli de l'obturateur. Donc pour que le radiologue reçoive la dose indiquée par le dosimètre, il ne pouvait pas se trouver au niveau du pupitre.
Il n'y a pas eu de mesures réalisées directement dans le faisceau primaire mais d'après les caractéristiques du générateur et les paramètres de tir, le débit de dose dans le faisceau primaire a été estimé à 4,8 Sv/h à 1 m du foyer du tube.
Pour expliquer cette exposition, des mesures ont été réalisées en simulant des tirs radios en conditions réelles avec les paramètres mis en œuvre lors de tirs réels (155kV, 4mA, t=22s, distance source/pièce = 700 mm).
Dose mesurée sur les dosimètres :
Durée pour atteindre une dose de 22,04 mSv en considérant le DeD max enregistré par le dosimètre ayant reçu la plus forte dose : 1h28.
Dose mesurée sur les dosimètres :
Durée pour atteindre une dose de 22,04 mSv en considérant le DeD enregistré par le dosimètre :
Mesure du débit du rayonnement rétrodiffusé : 23,4 mSv/h
Seule une personne a été exposée : le radiologue concerné par cet événement. Il a subi une irradiation par des rayons X d'énergie moyenne 103 keV. D'après la lecture de son dosimètre passif, il a intégré une dose de 22,04 mSv.
Des contrôles internes et/ou audit ont été réalisés de façon inopinée et aléatoire pour détecter au plus tôt toute dérive éventuelle du radiologue par rapport aux règles de sécurité.
Le radiologue concerné n'est plus affecté à des travaux sous rayonnements ionisants, il n'effectue plus de tirs radios. Depuis cet événement les tirs radios ont été dans un premier temps réalisés par le responsable de l'activité nucléaire puis sous-traités : un radiologue d'une entreprise de contrôles non destructifs est détaché dans l'entreprise lorsque cela est nécessaire.
pdf Exposition lors d'un tir radiographique avec dépassement d'une limite règlementaire (140 ko)
pdf Exposition aux rayons X lors d'un travail en casemate (421 ko)
Au début du mois, dans une casemate de radiologie industrielle utilisant un générateur électrique de rayons X panoramique (émission à 360° en horizontal) un message d'erreur apparait sur le pupitre du générateur électrique de rayons X "contact porte 1 ouvert". Dans ce type d'installation, l'émission des rayonnements X devant être impossible si la porte est ouverte et l'ouverture intempestive de la porte devant couper l'émission des X, cette erreur empêche le lancement de l'émission des rayonnements X.
Suite au passage d'un technicien de maintenance du fabricant du générateur électrique de rayons X, celui-ci diagnostique un faux contact dans le câble reliant le pupitre (placé à l'extérieur de la casemate) au générateur (placé à l'intérieur de la casemate).
Schéma de la casemate
Dans l'attente de la réception et du montage du câble neuf l'installation est utilisée en "mode dégradé" : un shunt permet d'utiliser le générateur électrique de rayons X sans que celui-ci soit relié aux contacteurs de sécurité de la porte de la casemate. L'émission des rayons X est alors possible porte ouverte et l'ouverture de la porte ne coupe plus l'émission des X.
Cette utilisation en mode dégradé est compensée par la mise en place de consignes spécifiques affichées sur la porte d'accès à la casemate et stipulant qu'il faut fermer cette porte à clef à chaque tir.
Une fois le câble neuf reçu et monté, l'installation est opérationnelle et retrouve son niveau de sécurité.
Environ 3 mois après, le même message apparait de nouveau sur le pupitre. Le technicien de maintenance diagnostique cette fois ci un contact défectueux dans le relais de commande de la sécurité de porte.
La même procédure d'utilisation en mode dégradé que précédemment est déployée mais avec mise en place d'une rubalise afin d'empêcher une personne étrangère au service de pénétrer dans la casemate, tout en s'affranchissant de fermer la porte à clef à chaque tir.
Lors de la programmation du pupitre l'opérateur, désactive par erreur l'indication de la minuterie au pupitre et passe en mode "émission continue".
Dans ce mode, l'appui sur la touche START du pupitre lance l'émission des rayons X mais il n'y a plus de minuterie au pupitre (indication permanente "0.0 min" au pupitre) et l'émission est continue : seul l'appui sur la touche STOP l'arrête.
Après avoir effectué les réglages des paramètres de tir (70 kV – 10 mA – 6 minutes), l'opérateur prépare son radiogramme, entre dans la casemate le met en place, sort de la casemate et lance le tir.
L'opérateur ne porte pas de dosimètre opérationnel, n'utilise pas de radiamètre et n'enlève pas la clef du pupitre avant d'entrer dans la casemate. Il est cependant équipé d'un dosimètre passif.
A la fin du temps estimé, l'opérateur visualise l'indication "0.0 min" au pupitre et croyant l'émission des X terminée entre dans la casemate sans s'apercevoir que les voyants au pupitre, sur la porte d'accès et dans la casemate indiquent l'émission des X (rouge clignotant). Il récupère alors son radiogramme, le développe et l'analyse : celui-ci est surexposé (bien que dans une plage de lecture interprétable) et est à refaire.
Il est à noter que le voyant au-dessus de la porte était situé trop haut (plus de 3 m de haut) et peu visible et celui positionné dans la casemate n'était pas dans l'axe de la porte d'entrée.
L'opérateur doit effectuer une autre activité pendant 1 h puis retourne dans la casemate afin de préparer l'installation d'un nouveau radiogramme en étant persuadé qu'il n'y a pas d'émission de rayonnements X. Son abdomen et ses mains sont dans le faisceau primaire de rayonnement atténué par la pièce à contrôler.
De retour au pupitre pour lancer une nouvelle émission de rayonnement, l'opérateur s'aperçoit alors que le voyant "ON" sur le pupitre clignote en rouge sans avoir lancé de tir : un regard sur le voyant rouge en place au-dessus de la porte d'accès confirme cela car il est également actif (clignotement).
L'opérateur prévient alors sa PCR d'une possible exposition accidentelle.
La durée totale des deux expositions est estimée à 3 minutes : 2 mn 15 sec lors de la première et 45 sec lors de la deuxième.
Seul l'opérateur a subi une exposition externe sans contact.
La dose reçue par le dosimètre passif envoyé en analyse en urgence est de 82 mSv (au niveau de la poitrine).
Après reconstitution de la dose, celle-ci est estimée au niveau du tronc à 140 mSv et dose peau au niveau des mains à 1 500 mSv.
Il n'est pas attendu d'effet déterministe radioinduit à la peau.
Les schémas suivants, extraits du site de l'IRSN (www.irsn.fr) présentent les effets d'une irradiation aigue selon l'organe exposé.
pdf Exposition aux rayons X lors d'un travail en casemate (421 ko)