pdf Incendie avec présence de détecteurs de fumée ioniques et paratonnerre radioactif (685 ko)
Deux SDIS sont intervenus sur des incendies impliquant des détecteurs de fumée ionique à base d’Américium 241 et un paratonnerre radioactif modèle Preventor à base de Radium 226.
Les détecteurs ioniques sont équipés d’une petite source scellée (en taille et en activité) d’Américium 241 dont les caractéristiques sont les suivantes :
Le paratonnerre Preventor est à base de Radium 226 et a les caractéristiques suivantes :
Le premier incident concerne un incendie dans un local d’un ERP survenu en milieu de nuit, le sinistre est limité à ce local et éteint rapidement par les sapeurs-pompiers. 3h après, le directeur de l’établissement informe l’officier préventionniste arrivé sur les lieux de la présence de détecteurs de fumée ionique à base d’Américium 241 dans l’établissement. Une reconnaissance est alors engagée dans le local afin de vérifier si un détecteur est impacté par l’incendie.
Le détecteur étant absent de son support au plafond, l’officier préventionniste demande l’engagement d’une Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) afin de procéder à la recherche de la tête radioactive. Les problématiques de recherche sont multiples :
La problématique est de retrouver la tête du détecteur de fumée dans les déblais et de contrôler l’absence de contamination alpha dans le local incendié, sur les personnes présentes dans l’établissement et sur les intervenants sapeurs-pompiers.
Les actions engagées sont :
Finalement, le détecteur est retrouvé dans le local sous une étagère. Plusieurs frottis sont réalisés :
Le détecteur avec sa source est conditionné dans un sachet plastique, puis remis au technicien de maintenance du système de sécurité incendie pour une élimination dans la filière adaptée.
Le second incident concerne un feu de toiture entièrement embrasé d’un ancien bâtiment appartenant à un groupe médical (immeuble de 4 étages avec combles). Le bâtiment n’est plus en activité et un sinistre dans une autre partie de l’établissement s’est déclaré 7 jours auparavant. Lors de ce premier sinistre, il a été identifié la présence de détecteurs ioniques à base d’Américium 241 dans toutes les chambres et la présence d’un paratonnerre radioactif de type Hélita à pastille. Lors de ce premier sinistre les détecteurs de fumée et le paratonnerre n’ont pas été impactés par le feu, mais l’information est remontée au SDIS.
Cette connaissance de la présence de sources radioactives par le premier commandant des opérations de secours a permis de prendre rapidement des mesures de protection pour les personnels et de demander l’engagement de la CMIR.
Rapidement la présence d’un second paratonnerre radioactif est confirmée, ainsi que la présence de détecteurs ioniques dans toutes les chambres. Le modèle du paratonnerre est identifié sur internet, il s’agit d’un modèle Préventor d’Indelec à base de Radium 226.
Une fois l’incendie maitrisé et contrôle des personnels, les opérations de recherche du paratonnerre et des détecteurs de fumée ont commencé.
Les actions engagées sont :
Le quatrième étage étant totalement effondré, une première recherche de détecteur de fumée est entreprise. Elle se révèle infructueuse compte tenu du volume de gravats à contrôler. Les recherches sont stoppées et la consigne laissée aux personnes en charge de leur évacuation (société privée).
Pour les deux interventions, les dosimétries à lecture différée et opérationnelle sont nulles pour l’ensemble des intervenants.
Dans le cadre des deux interventions les cadres d’astreinte de l’ASN et de l’IRSN sont prévenus conformément à la circulaire 1390 du 23 décembre 2005 du SGDSN sur la gestion des situations d’urgence hors plan d’urgence.
Certains appareils de radioprotection étaient défaillants avec un affichage de bruit de fond égal à zéro. Cela doit alerter l’opérateur et souligne l’importance du contrôle mensuel de bon fonctionnement des appareils de radioprotection.
En cas de suspicion de contamination radiologique, il est nécessaire de disposer d’une quantité importante de vinyle, de gants, de frottis.
Dosimétrie nulle pour les intervenants : Dosimétries opérationnelle et à lecture différée au niveau de la poitrine nulles pour les intervenants.
Pour en savoir plus :
Fiche IRSN du Radium 226 : https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/professionnels_sante/documentation/IRSN-fiche_radium226.pdf
Fiche IRSN de l’Américium 241 : https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/professionnels_sante/documentation/IRSN-fiche_Americium241.pdf
pdf Incendie avec présence de détecteurs de fumée ioniques et paratonnerre radioactif (685 ko)
pdf Récupération d'objets en Ouraline (242 ko)
Deux interventions rapprochées ont mobilisé les équipes spécialisées en risques radiologiques des SDIS pour une levée de doute radiologique sur des objets en Ouraline.
L’Ouraline est un verre dans lequel est incorporé de l’Uranium sous la forme de Diuranate. La proportion varie généralement entre 0.1 et 2 % du poids total de l’objet. Toutefois, sur des objets anciens du 19ème siècle la teneur peut atteindre 25 %. Les objets en Ouraline sont principalement des verres, des carafes, des vases et des cendriers. Ils ont la particularité d’être de couleur verte et fluorescents sous une lumière ultraviolette. Aujourd’hui ce type d’objet est en vente dans les brocantes, vide-greniers ou facilement disponible sur internet.
La première intervention concerne l’achat de deux verres en Ouraline pour la fête des mères. Après achat et renseignements pris sur internet, l’acheteur se rend compte du caractère radioactif du verre et s’inquiète. Après un premier contact avec l’ANDRA, il est invité à contacter l’IRSN pour réaliser une caractérisation de l’objet. Cette dernière est demandée à une Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) afin de contrôler le caractère radioactif des verres et le risque d’irradiation potentiel.
L’intervention de la CMIR confirme l’absence de risques comme le montrent les résultats de mesure du tableau ci-dessous :
Appareil | Bruit de fond | Mesure à 30 cm | Mesure au contact |
Ictomètre | |||
Sonde X | 4 c/s | 8,8 c/s | 110 c/s |
Sonde Alpha Bêta Gamma | 0,06 c/s | 1,6 c/s | 55 c/s |
Radiamètres | |||
A base de GM | 0,01 µSv/h | 0,01 µSv/h | 0,08 µSv/h |
A base d’un compteur proportionnel | 0,074 µSv/h | 0,092 µSv/h | 0,082 µSv/h |
Compte-tenu des résultats de mesure, l’intervention de la CMIR se finit et les verres ont pu être offerts pour la fête des mères.
La seconde intervention concerne un brocanteur qui se plaint de maux de tête après avoir été en contact avec des objets en Ouraline 15 jours auparavant. Après un premier questionnement par la CMIR, il est découvert qu’un vase a été vendu à des touristes de passage qui ont été hospitalisés pour des maux de têtes et nausées après cet achat.
Une seconde CMIR est engagée dans le département des acheteurs pour une levée de doute radiologique sur le vase et dans le logement.
Les appareils utilisés par les deux CMIR sont les suivants :
- Ictomètre portatif Alpha-Béta-Gamma.
- Sonde Alpha de surface 100 cm².
- Spectromètre portatif CsI.
Le faible niveau d’Uranium présent dans les objets n’a pas pu être détecté par le spectromètre portable.
Les relevés sont négatifs sur les sites, le risque radiologique est écarté. Il n’y a aucun lien physique entre les symptômes et les objets en Ouraline.
Information des personnels de la CMIR que les objets radioactifs à base de verre ou d’émaux dont le niveau de radioactivité est faible sont sans risque pour la santé.
Partage de l’information entre les différentes parties prenantes sur les objets en Ouraline et les objets en émaux radioactifs et leur présence potentielle dans des lieux de vente.
Nulles, pas de contamination ni de risques d’irradiation.
Dosimétrie nulle pour les intervenants : dosimétrie opérationnelle + différée poitrine
Il semble qu’il y ait un lien psychologique entre les symptômes et la connaissance de la présence de radioactivité. La radioactivité et le niveau de risque sont en effet très mal perçus par le grand public, qui y associe rapidement des symptômes (trouble psychosomatique).
Conséquences potentielles : en cas de casse, comme le montre l’exemple ci-dessous, le risque de contamination par inhalation ou blessure est négligeable.
Exemple :
Prenons le cas de l’uranium-238, proche de l’uranium naturel. 3 tonnes correspondent à 37 GBq. Un verre en Ouraline pèse 100 grammes, en considérant 3% d’uranium dans l’objet, cela représente 3 grammes d’uranium. Cela correspond à une activité soit un facteur 10-9 en masse, soit 37 Bq en activité totale d’uranium dans le verre.
On suppose que l’uranium est en équilibre avec ses descendants, ce qui entraine une activité 10 fois plus importante : 370 Bq.
Si on casse le verre et que l’on considère que 1 % de l’activité (soit 3,7 Bq) est incorporée par blessure (équivalent à une ingestion) et en sachant que la dose par unité d’incorporation est de 7,8.10-7 Sv/Bq.
On obtient une dose intégrée de 2,9 µSv soit 4 à 5 heures d’exposition naturelle.
pdf Découverte de sels de nitrate d'uranium et thorium (538 ko)
Entre les mois de mai et juin les sapeurs-pompiers sont intervenus à trois reprises chez deux particuliers et une ancienne pharmacie d’hôpital pour la découverte de deux fioles de nitrates d’uranium et une de nitrate de thorium.
La fiole de nitrate de thorium est découverte dans une armoire contenant plus d’une centaine de flacons de produits chimiques dans le garage d’une habitation. Cette découverte fait suite au décès du propriétaire, l’héritier ignorait la présence de matière radioactive dans le garage. L’ancien propriétaire était un ancien photographe. Appelés pour une levée de doute sur la présence de produits chimiques dangereux, les sapeurs-pompiers ne découvrent la fiole radioactive qu’après deux heures d’intervention durant lesquelles ils ont trié les produits chimiques.
Une mesure de débit d’équivalent de dose est réalisée sur la fiole à l’aide d’un radiamètre. Ce dernier indique une valeur de 800 µSv/h au contact et de quelques micro sieverts par heure à 1 m. ce qui confirme la présence de radionucléides. Par la suite, des frottis secs sont réalisés sur la fiole et les fioles de produits chimiques situées à côté. Des frottis à l’alcool isopropylique sont réalisés sur l’étagère afin de contrôler la présence de contamination radioactive sur cette dernière. Tous les frottis sont mesurés sur une échelle de comptage de 1 min avec une sonde Alpha 100 cm² pour les frottis secs et une sonde X pour les frottis humides. Une spectrométrie gamma est réalisée afin de confirmer la présence de Thorium.
DED contact |
DED 1 m |
Frottis secs Alpha fiole (1 min) |
Frottis secs Alpha fioles voisines (1 min) |
Frottis humides sonde X étagère (1 min) |
800 µSv/h |
3 µSv/h |
Négatifs |
Négatifs |
Négatifs |
La fiole est doublement emballée dans un sac plastique zippé et placée dans un seau de sable afin de faire écran. L’entreposage est réalisé dans la cave de la maison avec réalisation d’un zonage à 2 m environ (DeD correspondant au bruit de fond). Après contact avec l’ANDRA la fiole sera évacuée gratuitement sous trois mois après passage du dossier à la CNAR (commission nationale dans le domaine des aides radioactifs - https://www.andra.fr/espace-producteurs/conditions-de-prise-en-charge-des-objets-radioactifs).
Figure 1. Armoire de stockage : produits chimiques et fiole radioactive
Figure 2. Fiole de nitrate de Thorium | Figure 3. Réalisation de la spectrométrie gamma |
Figure 4. Stockage temporaire au sous-sol avant enlèvement ANDRA
Les héritiers d’un ancien pharmacien découvrent, lors du rangement de la maison destinée à la vente, de nombreux produits chimiques dans le garage ainsi qu’une fiole de nitrate d’Uranium. La couleur jaune et la mention Uranium, interpelle la famille qui suspecte la présence de matière radioactive et fait appel aux sapeurs-pompiers pour effectuer une levée de doute sur cette fiole. A l’arrivée des sapeurs-pompiers, ils découvrent une petite fiole conditionnée dans un pot de confiture avec la mention nitrate d’Uranium, le nom du fabricant et le poids (25 grammes). Après discussion avec les personnes présentes sur place, il s’avère que la mise dans le pot de confiture a été réalisée par une personne de la famille présente sur place sans gants.
Un contrôle de contamination est réalisé immédiatement sur les mains de cette personne avec un ictomètre portatif mesurant les rayonnements Alpha, Béta et gamma. Le résultat de la mesure est négatif, un lavage de mains ayant été réalisé entre temps.
Des mesures de débit d’équivalent de dose sont réalisées sur le pot de confiture et sur la fiole avec un radiamètre équipé d’une sonde gamma à scintillation adaptée aux faibles débits. Les mesures sont relativement faibles de l’ordre de 450 nSv/h pour la mesure au contact de la fiole avec un bruit de fond initial de 100 nSv/h. Les mesures à 1 m de la fiole se rapprochent du bruit de fond. En complément, des frottis secs avec mesure sur une échelle de comptage de 1 min sont réalisés sur le pot de confiture et la fiole. Les valeurs sont négatives et la présence de contamination est écartée. Une spectrométrie gamma est réalisée afin de confirmer la présence d’Uranium. Deux spectromètres portables sont utilisés et confirment la présence d’Uranium.
Spectromètre 1 : l’analyse de l’appareil propose de l’uranium 238 avec une confiance de 100 % et reconnaissance de 2 pics sur 3 ;
Spectromètre 2 : l’analyse de l’appareil propose de l’uranium 235 avec une confiance de 48 % et reconnaissance d’un pic sur 3.
|
Débitmètre avec sonde scintillation (nSv/h) |
Ictomètre portatif (g) en c/s |
Sonde SA 100 (a) en c/s sur 1 minute |
Bdf |
100 |
1 |
0 |
SAS |
100 |
1 |
0 |
Levée doute sur personne |
0,8 |
||
Garage fond gauche |
110 |
0,8 |
0 |
Garage fond centre |
90 |
1,1 |
0 |
Garage fond droite |
100 |
1 |
0,05 |
Frottis 1 (double emballage) |
78 |
0,8 |
0,03 |
Mesure directe (5 cm au-dessus source) |
140 |
20 |
0 |
Frottis 2 (ensemble du flacon source) |
133 |
0,8 |
0,08 |
Contact flacon source |
450 |
80 |
0 |
1m du flacon source |
150 |
1,2 |
|
Contact double emballa final |
180 |
2 |
0 |
1m double emballage final |
140 |
1,5 |
Enfin, une estimation grossière de l’ordre de grandeur de l’activité est réalisée en s’appuyant sur le « guide pratique radionucléides et radioprotection ». En effet, le flacon ressemble fortement à celui décrit dans le guide. Or, dans ces conditions, le guide fournit un débit d’équivalent de dose au contact de 1,5.10-3 µSv/h pour une activité de 1Bq. Une règle de trois, appliquée à la mesure au contact (450 nSv/h) nous permet une première estimation de l’activité de la source à 300 Bq.
Compte tenu de l’absence de contamination et d’un débit d’équivalent de dose faible (450 nSv/h), la source est laissée dans le garage avec pose d’un balisage et interdiction de s’en approcher. Les héritiers contacteront l’ANDRA pour une récupération ultérieure.
Figure 5. Fiole à l'arrivée des sapeurs-pompiers | Figure 6. Organisation du chantier dans le garage avec EPI |
Lors du transfert du local de stockage des produits chimiques de la pharmacie d’un ancien hôpital, l’employé en charge de référencer tous les produits chimiques identifie une petite fiole de nitrate d’uranium sur une étagère. N’ayant pas de notion et de matériel de radioprotection, la mise en évidence du caractère radioactif n’est pas possible. Il est donc demandé au sapeurs-pompiers d’effectuer une levée de doute sur cette fiole.
Après questionnement avec l’employé en charge du transfert des produits chimiques, il indique n’avoir pas touché la fiole et travaille toujours avec des gants. Aucun contrôle ou décontamination n’est réalisé sur l’employé. Les mesures réalisées au contact de la fiole avec un débitmètre équipé d’une sonde à scintillation indiquent un débit d’équivalent de dose de 0,9 µSv/h au contact et de 100 nSv/h à 1 m. Des frottis secs sur la fiole et l’étagère sont mesurés sur échelle de comptage de 1 min avec une sonde Alpha 100 cm². Ces derniers sont négatifs. La présence de contamination Alpha est écartée.
La fiole est emballée dans deux sacs plastiques à fermeture zippée et isolée dans le local. Un périmètre de sécurité de 1 m est réalisé. L’ANDRA est contacté par le responsable de la pharmacie pour un enlèvement.
Figure 7. Fiole de nitrate d’uranium sur l’étagère de stockage | Figure 8. Fiole de nitrate d'uranium |
La spectrométrie gamma réalisée confirme la présence d’uranium : 235U et 238U.
Figure 9. Spectrométrie gamma
Dans le cadre de l’intervention de la CMIR hors Plan Particulier d’Intervention[1] (PPI) nucléaire et en application de la circulaire 1390 du 23 décembre 2005, l’ASN et l’IRSN sont informés de cette intervention.
L’Andra est également contactée afin d’organiser la récupération des fioles. Dans le cadre de la découverte de matière radioactives par des particuliers sans lien direct avec son acquisition, une prise en charge totale ou partielle de l’enlèvement est possible après passage en commission nationale dans le domaine des aides radioactifs (CNAR).
Nulles, pas de contamination des personnels, de la zone de stockage ou des fioles.
Dosimétrie nulle pour les intervenants : dosimétries opérationnelle + passive (poitrine + bague).
Conséquences potentielles :
Les débits d’équivalent de dose émis par les sels de nitrate d’Uranium sont très faibles. Cependant, ceux émis par les sels de nitrate de Thorium peuvent être plus conséquents (supérieur à 500 µSv/h) comme dans le premier incident décrit. Si la fiole manipulée par le particulier dans le deuxième incident avait contenu des sels de nitrate de Thorium, l’exposition aurait pu être plus importante.
pdf Découverte de sels de nitrate d'uranium et thorium (538 ko)
[1] Les plans particuliers d'intervention sont établis, en vue de la protection des populations, des biens et de l'environnement, pour faire face aux risques particuliers liés à l'existence ou au fonctionnement d'ouvrages ou d'installations dont l'emprise est localisée et fixe. Voir Décret n°2005-1158 du 13 septembre 2005 relatif aux plans particuliers d'intervention concernant certains ouvrages ou installations fixes et vidéo explicative de l’ASN.